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LES JEUX DE TONTON LEPTON
LES JEUX DE TONTON LEPTON
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19 novembre 2012

Le plaisir de la solitude dans les jeux

Note de la citrouille: si l'article est encore en travaux pour le moment, j'ai décidé de le publier pour que les rares visiteurs aient quelque chose à se mettre sous la dent.

N'hésitez pas à partager vos avis sur le sujet dans les commentaires!

 

On le dit souvent, les jeux vidéo nous permettent à la fois de nous évader dans une autre vie et d'y faire des choses qui sortent du cadre de notre banale et terne vie réelle mais c'est aussi et surtout comme une sorte de refuge dans lequel on peut s'isoler temporairement afin de fuir les tracas d'un quotidien moderne aussi morose que répétitif, aussi bruyant que laid.

On rentre, on jette le sac dans un coin en pestant et crachant comme un chat puis on se lance dans une aventure où tout le reste de la journée ne compte plus. Une histoire qui n'est la notre que par substitution. Un rôle que l'on se plaît à jouer.

 

En verité, il existe des jeux où l'on fini par ressentir la même frustration que dans la vraie vie: ce sont les jeux multijoueurs (en ligne ou hors ligne)et plus que tout les MMO où des facteurs sociaux tels que l'interaction, l'intégration ou encore l'acceptation jouent un rôle important. On voudra toujours progresser pour "impressionner" les autres joueurs ou au moins ne pas être considéré comme un "noob" et être rejeté.

Ceci est plus nuancé dans le multijoueur hors ligne dans le sens où l'on joue plutôt avec des personnes que l'on connaît (amis ou famille) et où le résultat de la partie n'influencera que très peu si ce n'est nullement nos relations sociales en fonction de la proximité avec la personne.

 

C'est pour cela que, pour se libérer réellement du vacarme que l'on affronte au quotidien, à la manière d'une promenade, un jeu où l'on est totalement seul génère cette étrange sensation de paix. Rien que nous, dans un monde calme. Seuls quelques éléments bougent mais dans un silence reposant. Et ennivrant.

Et c'est quelque chose que l'on peut retrouver dans la "vraie" vie. Un souvenir qui est encore profondément gravé dans ma mémoire est celui de ma visite de Rome, avec trois de mes amis il y a deux ans. Il est sûr que de visiter des ruines célèbres telles que le colisée est très intéressant culturellement parlant, et que l'on se plait à se dire et à dire aux autres qu'on y était, et franchement c'était impressionnant. Mais lorsque notre visite de tels vestiges se fait en la compagnie d'une horde de touristes obèses aux t-shirts multicolores qui parlent fort et mangent des chips en prenant des photos de tout ce que pointe du doigt leur guide, l'endroit perd de toute sa magie. Au final, on en vient à détester les touristes, le colisée, les hommes, et tout ce qui vit.

Après avoir vu le Colisée, nous n'étions cependant pas découragés et nous sommes rendu aux ruines des Termes où très peu de touristes s'égarent, et où l'on peut s'aventurer dans une visite seul, sans guides qui hurlent pour se faire comprendre d'un groupe de 50 retraités à moitié sourds. On peut réellement apprécier l'instant dans un délicieux silence qui mettait en valeur la beauté de ces quelques pierres entassées dont on ignore l'histoire mais est-ce réellement important lorsque ce sentiment de calme si inhabituel nous envahit ?

 

Voici quelque chose qu'il m'a toujours été difficile d'expliquer, et qui m'a toujours enchanté d'une manière enivrante sans que je puisse le justifier. Et je l'ai retrouvé bien plus souvent dans les jeux que dans la réalité. Pourquoi donc? Parce que dans la réalité, s'isoler est assez simple: on s'aventure un instant dans la nature et ça y est, il n'y a plus personne autour de nous.

Dans les jeux vidéos, c'est très différent. Notre personnage est coincé entre des murs invisibles, les zones sont délimitées, il est souvent accompagné d'alliés/équipiers/compagnons/chats. Et au final, un des instrument de base pour construire un scénario de jeur est le dialogue entre les personnage, les cut-scenes. Alors que certains jeux arrivent à nous faire ressentir bien plus de choses sans mise en scène grandiose, sans dialogues puissants, sans lire des émotions sur le visage d'un personnage.

Non pas que tous les jeux utilisant les codes listés ci-dessus me déplaisent, mon idée ici est surtout que ce genre de jeu constitue l'essentiel du marché des jeux de rôles ou d'aventure.

Et quel que soit le jeu, MMO ou jeu solo, j'ai toujours apprécié les instants de solitude complète. Où il n'y a plus que notre personnage se tenant dans un endroit parfaitement désert.

A ma connaissance, le jeu exploitant le plus ce sentiment curieux est sans aucun doute Shadow of the Colossus.

shadow_of_the_colossus_16558

Aucune musique, aucun NPC... juste le bruit du vent et un monde où le temps semble suspendu.

Cette image est la première que l'on voit lorsque l'on prend contrôle de notre personnage. Il est là, silencieux, seul devant une quête qui s'annonce épique. D'où vient cet étrange plaisir de galoper à travers les grandes plaines du monde désert de Shadow of the Colossus ?

La chasse aux colosses est une chose, et l'histoire est tout aussi mystérieuse que le reste du jeu : le jeune garçon ci-dessus apporte le corps sans vie d'une jeune fille dans un gigantesque temple désert où une voix provenant d'un puis de lumière lui demande de chercher et de détruire les 16 colosses pour ramener sa bien aimée à la vie. Puis on est lancés. Pas de grands dialogues, pas de cut scenes cinématographiques et d'angles dynamiques, pas de scripts. Juste un petit personnage animé comme une marionnette fragile et armé d'une simple épée, qui semble tellement vulnérable face aux titanesques colosses.

Je ne vais pas vous cacher que je n'ai pas fini le jeu. Mais volontairement. J'ai lentement avancé au rythme d'un colosse par mois puis me suis arrêté au 13ème. J'apprécie tellement m'aventurer dans ces contrées sans m'y repérer, sans savoir où aller que je me refuse de m'y habituer. Je veux garder les sessions de jeu pour des moments particuliers, que le plaisir d'explorer soit doublé d'une joie de retrouver ce monde et son héros.

 

Mais si Shadow of the Colossus est un plaisir sans limite pour tout rêveur se plaisant à s'imaginer errer seul dans de grandes étendues et d'en apprécier les paysages, j'ai pu retrouver cette sensation dans quelques rares autres jeux.

Ainsi, le Sacred Grove de The Legend of Zelda: Twilight Princess retrouve de cet aura particulier. Il s'agit du passage dans les bois où vous rencontrez l'enfant marionnettiste, vestige ou pionnier des Kokiris (la chronologie des Zelda ne m'est pas familière). Le bois présente en plus de son design sublime d'un excellent reboot de la musique des Lost Woods de Ocarina of Time. Encore une fois, l'ambiance sonore est déterminante ici. En m'arrêtant çà et là dans les bois j'entendais le vent souffler paisiblement dans les arbres ou l'eau couler le long d'une petite cascade (la vidéo linkée ci-dessus intègre les bruits de fonds de la zone).

 

TP Sacred Grove

Simple mais beau. Le joueur qui s'est immergé pleinement dans le jeu ne peut que s'arrêter un instant.

Le reste des zones de Twilight Princess est certes très beau visuellement, mais il n'est pas d'autre zones partageant ce côté "aventurier solitaire" où aucun monstre ne se terre dans les ténèbres et se jette sur nous. Le Sacred Grove porte bien son nom.

Encore un exemple, dans Final Fantasy XI cette fois (screenshot à venir prochainement). Le cadre est très différent: il s'agit cette fois d'un jeu massivement multijoueur où l'on croise du monde partout, où les gens parlent tout le temps. C'est là le fondement même d'un MMO car il est important que les joueurs s'entraident pour progresser, le solo étant inenvisageable pour la plupart des évènements du jeu. Mais justement, c'est pourquoi se retrouver seul à un moment avec aucun joueur à côté, tous ses amis hors-ligne, personne dans la linkshell procure une agréable sensation de vide, de calme.

J'aimais dans ces moments m'aventurer dans des zones reculées, camper des notorious monsters dont les drops n'intéressent plus personne, explorer des zones où il n'y a rien à faire, juste pour le plaisir de voyager seul dans un monde beau et silencieux: Uleguerand Range, Bibiki Bay, The Sanctuary of Zi'Tah, Cape Riverne, Castle Zvahl, Altepa Desert et plus récemment toutes les zones de Treasures of Aht Urghan ou de Wings of the Goddess.

D'où vient alors cette sensation si étrange que l'on ressent en étant seul dans un jeu? Principalement de la différence entre ce à quoi on est "habitués" et cette solitude. Comme je le disais auparavant, la plupart des jeux nous plongent dans un univers richement travaillé avec un background qui va jusqu'à l'établissement de cultures, avec des dialogues travaillés et nombreux. Et justement lorsque d'un coup on se retrouve projeté dans un monde où tout ceci est absent et où il n'y a que nous à l'écran.

Lorsque je parle de l'étrange beauté des zones d'Aht Urghan plus tôt, ces zones étaient autrefois très peuplées (et même ultra campées à une époque) et c'est justement en comparant entre les moments où ces endroits grouillaient de joueurs et le moment où l'on y revient, 4 ans plus tard et que tout le monde a fui ces zones. Des NM jadis campés 24h/24 se promènent maintenant librement. Pour une fois, on a l'impression que rien n'a d'emprise sur cet endroit. Que le temps y est suspendu.

On passe d'une foule colossale de choses, de vie, de bruit, de créatures et de quêtes à un endroit vide, calme, où seul le délicat murmure du vent se fait entendre.

 

Lorsque l'on observe la tendance générale d'aujourd'hui des jeux à pencher soit vers l'action la plus directe et la plus rythmée possible tout en augmentant les interactions multijoueurs en rajoutant du chat vocal à toutes les sauces, se retrouver justement seul dans un jeu où aucun personnage ne fait n'importe quoi autour de nous rétabli non seulement l'illusion du jeu mais renforce vraiment l'impression d'être seul dans ce monde où tout n'est que code programmé.

 

C'est exactement comme faire une sortie en forêt ou une randonnée en montagne. Un instant, on se retrouve sans personne autour de nous, on se déplace dans un univers calme et reposant où l'on peut à loisir admirer ce qui nous entoure et s'émerveiller de tout. Cela ne se retrouve pas que dans la nature totale mais disons qu'il est difficile de trouver un endroit calme dans une ville de nos jours.

Un exemple avec ces quelques photos.

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